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Le tape-à-l’œil baroque n’a décidément plus la cote à Moscou

Les somptueux palais du très huppé quartier moscovite de Roubliovka ne sont plus à la mode, et leurs propriétaires sont contraints de revoir les prix à la baisse lors de la vente. Tour d’horizon.

 

Des colonnes gréco-romaines au marbre partout, l’intérieur des gigantesques villas du quartier périphérique de Roubliovka, à Moscou, a longtemps incarné la mentalité des nouveaux riches russes. Mais ces châteaux de Versailles du début des années 2000 peinent aujourd’hui à trouver preneur sur un marché immobilier du luxe en pleine mutation, relève une analyse de la compagnie Kalinka Group. Selon la directrice de son conseil d’administration, Ekaterina Roumiantseva, les propriétaires de ces demeures, mises en vente à partir de 15 millions de dollars, sont aujourd’hui obligés de baisser leur prix de 20 %, voire plus.

« Certaines maisons de Roubliovka, mises en vente à 80 millions de dollars au départ puis baissées à 50, sont aujourd’hui proposées à 15 millions. Les intérieurs sont faits de matériaux très chers et de meubles de luxe et anciens. Ces maisons dénotent un goût certain, mais beaucoup trop tape-à-l’œil de nos jours », a-t-elle expliqué à Kommersant FM.

Louis XIV et jeunesse dorée

Les experts du secteur précisent que Roubliokva est peuplé principalement de stars du show-business – propriétaires des plus grandes maisons, tels les châteaux de cinq étages avec tours et donjon droit sortis du Moyen-âge –, de politiciens et d’hommes d’affaires. Le style baroque, apprend-t-on, avait quant à lui conquis le cœur des riches entrepreneurs du milieu de l’extraction des ressources naturelles. Ces maisons ont notamment été construites dans l’idée qu’une fois leurs études à l’étranger terminées, les enfants reviendraient y vivre. Or, la jeune génération ne semble pas rêver de poser ses valises à l’époque de Louis XIV et dans ces milliers de mètres carrés, explique la femme d’affaires Lena Lenina, toujours sur les ondes de Kommersant FM.

« Une des plus grandes maisons qu’il m’a été donné de voir près de Moscou appartient à une personnalité et s’étend sur 3 500 m². Un des salons fait 500 m², avec une hauteur sous plafond de 15 mètres. Ils se déplacent en voiturette de golf entre certaines pièces tellement elles sont espacées ! C’est trop, c’est évident », poursuit-elle.

Trop de trop tue le trop

Qui dit trop grand dit souvent, aussi, trop cher à entretenir, ajoute pour sa part Gueorgui Dzagourov, directeur général du cabinet immobilier de luxe Penny Lane Realty, indiquant qu’il s’agit de plus en plus d’une des principales raisons de la revente de ces maisons de Roubliokva.

« J’ai une connaissance qui dépensait 15 millions de roubles par mois pour entretenir sa villa et pour sa sécurité. Tout le monde, aujourd’hui, comprend qu’il faut acheter quelque chose dont on se sert et qui nous suffit. Et les plus pragmatiques savent parfaitement que les impôts sur la propriété vont augmenter dans les années à venir », souligne-t-il, cité par Kommersant.

Les experts précisent néanmoins à l’unisson que ces « palais baroques » constituent une minorité à Roubliovka, où la tendance est davantage, aujourd’hui, au moderne et au high-tech.